Initiative solidaire à Joigny : un supermarché vend les plats d’un restaurateur

29 janvier 2021 à 6h30 par Etienne Escuer

VIBRATION
Claire et David Le Corre peuvent désormais vendre leurs plats dans le magasin Intermarché de Joigny.
Crédit : Facebook Le Paris Nice Hôtel Restaurant

A Joigny dans l'Yonne, le magasin Intermarché vend les plats d'un restaurateur local et lui reverse la totalité des ventes.

Alors que les restaurants sont toujours fermés à cause de la crise sanitaire, certaines initiatives solidaires se mettent en place. A Joigny, par exemple, dans l’Yonne, l’hôtel-restaurant Le Paris-Nice peut désormais vendre ses plats à emporter au magasin Intermarché local. David Le Corre, le chef, est allé proposer l’idée au directeur qui a tout de suite accepté. « Il m’a ouvert ses portes avec grand plaisir et m’a dit qu’il me donnait carte blanche », explique le restaurateur jovinien, qui propose aussi de la vente à emporter à son restaurant. « Le magasin m’a mis à disposition un bac réfrigéré, me fait les étiquettes, et il ne prend aucune marge, la totalité de l’argent est reversée à mon entreprise ! ».

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150 plats vendus en deux jours !

Dès le début, l’opération a connu un franc succès : les 150 plats préparés, vendus 9€90, sont partis en deux jours. Un moyen pour David Le Corre de faire rentrer un peu d’argent dans les caisses et de sortir les salariés du chômage partiel, mais pas que. L’initiative permet aussi de toucher un public qui n’a pas forcément les moyens d’aller au restaurant en temps normal. « Quand Intermarché vous ouvre ses portes, il y a une clientèle qui n’allait jamais au restaurant », confie David le Corre. « On ne s’en rend pas compte, mais beaucoup de gens ne peuvent pas aller au restaurant. Le plat, on a donc baissé son prix, sous la barre des 10 euros. »

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« Si on m’avait dit qu’un jour je vendrai mes plats dans une grande surface ! »

Bien sûr, tout cela demande énormément de travail au restaurateur jovinien, les contraintes des grandes surfaces n’étant pas les mêmes que celles de son établissement. Il s’est attelé à soigner la présentation dans les barquettes, a créé un logo, et vient parler de son métier et ses plats avec les clients en magasin. Selon lui, avec le contexte habituel, il faut se réinventer. « C’est beaucoup de choses à mettre en place, mais je pense qu’au bout, ça peut être une belle chose. On garde le lien avec nos clients », explique David Le Corre. En fonction de l’évolution de la crise sanitaire, le coup de pouce d’Intermarché pourrait d’ailleurs se prolonger. « Si l’hôtel-restaurant remet du temps à redémarrer, ça peut être une possibilité pour continuer à faire travailler mon équipe et trouver du chiffre d’affaires », confie-t-il.

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Une chose est sûre, malgré la forte demande ces derniers jours, David Le Corre ne réalisera pas plus de plats si cela doit se faire au détriment de la qualité. « Le semi-industriel, il y en a déjà dans le magasin ! », rappelle-t-il. « Nous, on fait des séries limitées ! ». Le chef est en tout cas fier de ce nouveau défi. « Si on m’avait dit qu’un jour je vendrai mes plats dans une grande surface… Je vous aurais dit 'Ça, jamais !'. Finalement, c’est une autre façon de penser, de voir, et je suis très très fier de ce qu’on fait. »