Lubrizol : l'incendie serait parti du site même et non du voisin

7 décembre 2020 à 13h00 par Iris Mazzacurati avec AFP

VIBRATION
Près de 10 000 tonnes de produits chimiques ont brûlé, lors de l'incendie hors norme du site de Lubr
Crédit : Philippe LOPEZ / AFP

Un rapport d'expertise sur l'incendie qui a touché notamment Lubrizol en 2019 à Rouen privilégie l'hypothèse d'un départ de feu depuis ce site Seveso, contrairement aux affirmations de l'entreprise jusqu'alors, selon les conclusions du rapport.

"L'origine de l'incendie n'a pu être précisément et formellement localisée. A ce stade (...) nous privilégions un départ sur l'emprise de la société LZ" c'est-à-dire Lubrizol, peut-on lire dans ces conclusions notifiées aux parties civiles.

Cette expertise fait suite à des réquisitions du parquet de Paris qui mène l'enquête sur cet incendie hors norme au cours duquel près de 10 000 tonnes de produits chimiques ont brûlé, sur le site de Lubrizol et sur celui de son voisin Normandie Logistique.

La direction de Lubrizol a à plusieurs reprises affirmé, y compris devant la commission d'enquête du Sénat sur le sinistre, qu'elle pensait que la "source de l'incendie se situait au dehors" de son site.

De son côté Normandie Logistique avait répliqué qu'il était "quasi impossible" que le feu soit parti de ses propres locaux.

Plusieurs causes possibles

Concernant la cause du sinistre, les experts envisagent "plusieurs hypothèses". Parmi elles, ils notent qu'il "ne peut être exclu de manière générale le cas d'une mauvaise manipulation ou action qui serait contraire aux règles de sécurité en place sur le site. Particulièrement, l'observation grâce aux enregistrements de vidéosurveillance, de mouvements d'un engin de manutention dans l'environnement de la zone d'intérêt vient renforcer cette hypothèse".

"En effet la détérioration accidentelle d'un conteneur, consécutive à une manœuvre d'engin peut conduire à un départ de feu de son contenu", précisent-ils.

"L'intervention humaine" envisagée dans cette hypothèse a pu être "soit fortuite soit délibérée", ajoutent-ils.

Mais les experts envisagent aussi une cause technique, sans intervention humaine, "qui pourrait être liée à une source d'énergie située dans la zone d'intérêt". "Sur ce point la seule source d'énergie ayant pu être identifiée est l'éclairage extérieur", précisent les experts.

"Lubrizol examinera avec la plus grande attention l’intégralité du rapport d’expertise pour solliciter si nécessaire un complément d’expertise ou une contre-expertise", a commenté la société détenue par le milliardaire américain Warren Buffet dans un communiqué envoyé lundi à l'AFP.

De son côté l'association Union des victimes de Lubrizol s'est dans un communiqué "félicitée de ces éclaircissements", même si l'heure n'est qu'aux "hypothèses".

"Pollueurs/Payeur", il faudra payer lourdement nous l'espérons, pour que "plus jamais ça", a ajouté l'association.