Meurtre de Victorine : le suspect avoue l’homicide, mais nie le viol

16 octobre 2020 à 7h28 par Iris Mazzacurati avec AFP

VIBRATION
Le suspect du meurtre de Victorine est un père de famille de 25 ans habitant à environ 800 mètres de
Crédit : Instagram

Vingt jours après la mort de Victorine Dartois, jeune étudiante de 18 ans de Villefontaine (Isère), le principal suspect a été mis en examen jeudi 15 octobre à Grenoble pour meurtre précédé d'une tentative de viol, après avoir avoué une partie des faits mais nié tout mobile sexuel.

Ludovic Bertin, père de famille de 25 ans habitant à environ 800 mètres de la famille Dartois, mais qui ne connaissait pas la victime, avait été interpellé par le GIGN mardi grâce au signalement d'un proche à qui il se serait confié.

Selon ses dires, lors de sa garde à vue, "il aurait croisé vers 19h par hasard Victorine alors qu'il pratiquait un footing" ce samedi 26 septembre, tandis que l'étudiante en BTS communication rentrait au domicile familial à pied, ayant raté son bus après une après-midi de shopping avec des amis.

Selon le suspect, "il y aurait eu dispute après une bousculade involontaire, il aurait paniqué, lui aurait serré le cou et aurait ensuite déposé le corps inanimé dans le torrent", a exposé le procureur de la République adjoint de Grenoble, Boris Duffau, lors d'une conférence de presse.

Ce gérant d'entreprise, qui a déjà été condamné à une dizaine de reprises pour des délits de droit commun, mais sans passer par la prison grâce à des aménagements de peines, serait ensuite rentré chez lui, aurait mis ses vêtements dans un sac et aurait pris une douche. Ces habits ont été retrouvés par les enquêteurs.

L'homme a été mené mercredi sur les lieux des faits où des vérifications ont permis d'"accréditer une partie de ses déclarations", a souligné M. Duffau.

Encore trop de zones d'ombre


Les conclusions de l'autopsie qui mentionnent des ecchymoses au niveau du cou confirment l'étranglement, et la mort par noyade. Toutefois, malgré un pantalon retiré et retrouvé à proximité du corps de la jeune femme, le suspect, qui aurait agi seul, "nie tout mobile sexuel".

Le parquet ne s'est "pas satisfait de ces déclarations qui ne convainquent pas et a pris jeudi un réquisitoire supplétif" pour tentative de viol qui a été suivi par les trois juges d'instruction qui l'ont mis en examen.

La famille Dartois, "soulagée" de cette arrestation, est maintenant en proie à "la colère" après ces aveux car "tout laisse à penser que le mobile est sexuel", a déclaré à la presse Me Kelly Monteiro, avocate des Dartois.

"On n'étrangle pas une jeune fille parce qu'on l'a bousculée" d'autant que Victorine, jeune fille "gentille et pas agressive" ne se serait "pas emportée" pour un geste involontaire. Interrogée sur la proximité du suspect avec la famille, Me Monteiro a souligné que le mis en examen était "absolument inconnu, son nom n'évoque rien à la famille", seule une des sœurs de Victorine "pense avoir été en classe de primaire avec son frère".

Le voile n'a pas été complètement levé sur les circonstances de ce meurtre et "l'enquête est loin d'être terminée", a souligné M. Duffau, car la mise en examen comporte aussi les chefs d'"enlèvement et séquestration".

"On a des déclarations parcellaires, qui posent des questions", a expliqué Me Monteiro. Jeudi soir, le suspect a été placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet. Les faits pour lesquels il est poursuivi lui font encourir la réclusion criminelle à perpétuité.

"Jusqu'à sa condamnation, il reste présumé innocent", a tenu à rappeler le procureur Eric Vaillant, regrettant des fuites dans la presse, survenues pendant la garde à vue, qui l'ont "clairement gêné".

D'importants moyens ont été déployés dans le cadre de l'enquête, dont une cellule de dix enquêteurs exclusivement dédiés à l'enquête au sein de la gendarmerie de l'Isère et les renforts techniques du service central de renseignement criminel.