Pédophilie : Joël Le Scouarnec mis en examen pour 312 viols et agressions sexuelles

16 octobre 2020 à 5h31 par Etienne Escuer

VIBRATION
Joël Le Scouarnec sera jugé pour 312 viols et agressions sexuelles.
Crédit : Pixabay

Les chiffres font froid dans le dos : l'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec, 70 ans, a été mis en examen ce jeudi 15 octobre pour viols et agressions sexuelles sur 312 personnes. Il avait notamment exercé en Charente-Maritime et en Indre-et-Loire.

Près de trois ans après les perquisitions qui avaient conduit à l'interpellation de Joël Le Scouarnec, la justice a présenté les premiers éléments des investigations sur une vaste affaire de viols et d’agressions sexuelles, notamment sur mineurs. « C'est une affaire pour le moins inhabituelle, justement qualifiée de hors norme, tant à raison du nombre de ses victimes, que des conditions ayant conduit à la révélation des infractions », a confié le procureur de la République de Lorient, Stéphane Kellenberger.

 

 

Pour la première fois, le procureur de Lorient a précisé le nombre de victimes présumées retenues : 312. « Au terme de l'enquête préliminaire, le parquet de Lorient était en mesure de retenir ces 312 victimes sur les 343 identifiables », a précisé le procureur. Il indique que 26 situations apparaissaient « définitivement prescrites » et cinq autres « impossibles à suffisamment caractériser ». L'âge moyen des victimes est de 11 ans, 164 sont des garçons, 148 des filles. « 298 étaient âgées de moins de 20 ans lors des faits en cause, dont 265 de moins de 15 ans. 107 faits sont susceptibles de recevoir une qualification criminelle de viol aggravé et 205 faits une qualification délictuelle d'agression sexuelle aggravée ».

 

Des faits commis en Indre-et-Loire, en Charente-Maritime et en Bretagne

Les faits se seraient produits entre 1986 et 2014 dans différents établissements de France. Des hôpitaux de Loches, en Indre-et-Loire, et de Jonzac, en Charente-Maritime, sont par exemple concernés, mais l’homme aurait également sévi à Vannes, Lorient ou Quimperlé. Les victimes présumées étaient « pour la plupart, en état d'endormissement, induit par des substances anesthésiques, ainsi que par les sédations et autres traitements médicalement appliqués ou bien par la fatigue ou la douleur », a expliqué le procureur. L’affaire avait éclaté après la découverte au domicile du suspect, à Jonzac, de « tableaux et notes à l'ordinateur », dans lequel il répertoriait les faits « de quelques lignes à des paragraphes élaborés et circonstanciés, riches de détails difficilement supportables. » Les enquêteurs se sont livrés « à l'analyse la plus exhaustive et méthodique possible de ces éléments, en forme d'insoutenable énumération », a souligné le procureur qui a salué leurs travaux méticuleux « effectués parfois jusqu'à la nausée, tant les termes et descriptions peuvent y être éprouvants ».

A l'issue de son audition, Joël Le Scouarnec « s'est montré plutôt distant et détaché, se retranchant non pas dans un déni, mais dans une absence alléguée, d'aucuns pourraient dire opportune, de souvenirs », selon le procureur. « Il a tout de même fini par concéder certains faits, tout en concluant, suivant un degré d'authenticité qui restera à évaluer, qu'il regrettait le mal qu'il aurait pu causer. » Une enquête préliminaire a également été ouverte contre X pour « abstention volontaire d'empêcher des crimes ou délits contre l'intégrité physique » : elle doit déterminer si des tiers auraient pu être au courant des actions du chirurgien et se seraient abstenus de les dénoncer.

 

(Avec AFP)