Pesticides : les supermarchés doivent faire beaucoup plus, selon Greenpeace

17 décembre 2020 à 9h10 par Iris Mazzacurati

VIBRATION
La "Course zéro pesticide" a été lancée par Greenpeace en 2015.
Crédit : Wikimedia commons / Wilfredor / Photo d'illustration

L'association de défense de l'environnement Greenpeace a relevé dans un rapport jeudi 17 décembre les efforts insuffisants de la grande distribution française dans la lutte contre la présence de pesticides dans les produits alimentaires et relativisé la portée de certains labels ou certifications.

En 2015, Greenpeace lance la "Course zéro pesticide" afin de "protéger la biodiversité". Mettant en concurrence sept enseignes de la grande distribution française (Auchan, Carrefour, Casino, Intermarché, Leclerc, Système U) qui représentent environ 85% des parts de marché en France, le but est de "les encourager à s'attaquer au sujet de l'agriculture écologique", explique à l'AFP Laure Ducos, experte agriculture et alimentation à Greenpeace France.

La grande distribution "doit assumer ses responsabilités et faire évoluer les pratiques agricoles vers un plus grand respect de l'environnement et du bien-être des agriculteurs", explique l'association, pour que "les consommateurs puissent avoir accès à une alimentation sans risque pour la santé et pour la planète".

Elle demande notamment aux enseignes françaises de réduire l'usage des pesticides "de manière cohérente et ambitieuse", en supprimant l'utilisation des pesticides les plus dangereux pour la santé et l'environnement, augmenter l'offre de produits "labellisés Agriculture Biologique d'origine France", ou de "faire évoluer les conditions d'agréage de fruits et légumes" pour accepter des produis avec de "légers défauts visuels".

Des labels pas assez fiables ?

L'ONG souligne en outre les imperfections de certains labels ou certifications utilisés : certaines enseignes ont fait "la part belle au Zéro résidu de pesticide (ZRP)", un label qui "ne certifie pas l'absence de l'utilisation de molécules dangereuses pour la santé et l'environnement".

"Il est possible d'utiliser des molécules laissant moins de traces, mais qui ne sont pas moins dangereuses", explique Laure Ducos, pour qui "les distributeurs veulent aller vers ce label parce qu'il marche auprès des consommateurs. Mais l'angle de la santé des consommateurs n'est pas suffisant", poursuit-elle, appelant à plus de soutien à l'agriculture biologique.

Prudence aussi sur la certification "Haute valeur environnementale", qui n'est qu'"une première étape vers le changement de pratiques" et "ne peut pas constituer une fin en soi, puisqu'elle ne garantit pas une réduction significative de l'usage de pesticides pour toutes les filières".

Début décembre, la Confédération paysanne, syndicat agricole, avait estimé dans un communiqué que cette certification était "un véritable outil de "greenwashing" pour l'agro-industrie et la grande distribution".