Affaire Rachid M’Barki : pourquoi le journaliste de BFMTV a-t-il été retiré de l’antenne ?

15 février 2023 à 18h50 par A. L.

Affaire Rachid M’Barki : pourquoi le journaliste de BFMTV a-t-il été retiré de l’antenne ?
Affaire Rachid M’Barki : pourquoi le journaliste de BFMTV a-t-il été retiré de l’antenne ?
Crédit : Capture d'écran BFMTV

Suite à une enquête menée en collaboration avec le consortium Forbidden Stories, le journaliste de BFMTV, Rachid M’Barki, est accusé d'avoir relayé de fausses informations sur la chaîne. Il est aujourd'hui mis à pied.

Rachid M'Barki, 54 ans, est un journaliste français officiant pour BFMTV. L'homme n'apparaît aujourd'hui plus sur l'antenne de la chaîne pour laquelle il travaillait depuis 2005. L'entreprise l'a en effet mis en "dispense d'activité" depuis le 11 janvier 2023 suite à une série d’images et de propos diffusés au cours du "Journal de la nuit", qui ne sont pas passés par le processus de validation habituel.

 

Quels faits sont reprochés à Rachid M'Barki ?

 

Rachid M'Barki est visé par une enquête interne. Il est soupçonné d’avoir subi une influence extérieure, a appris l’AFP de sources concordantes. "Une enquête interne a effectivement été lancée il y a plus de deux semaines à la suite d’informations reçues concernant un journaliste", a précisé à l’AFP la direction de BFMTV. L’enquête vise des "infos diffusées dans ce journal de la nuit entre minuit et 4h30 du matin, qui seraient passées à l’antenne sans être validées par la chaîne habituelle, c’est-à-dire le rédacteur en chef", a ajouté cette source interne.

 

Une agence de désinformation israélienne dans le viseur

 

Seulement voilà, ce mercredi 15 février, une enquête baptisée "Story Killers",  émanant de Radio France et du consortium international de 100 journalistes "Forbidden Stories", a dévoilé la vaste entreprise de désinformation pilotée par une officine israélienne qui vendrait ses services dans le monde entier. Les journalistes d’investigation ont en effet pu rencontrer un responsable de cette officine, appelée "Team Jorge". Ils ont alors appris que Rachid M’Barki aurait relayé des informations biaisées et orientées à l’antenne à propos des oligarques russes, du Qatar, du Soudan, du Cameroun, ou encore du Sahara marocain.

L'entreprise de désinformation se débrouillait pour créer de faux comptes en ligne, générer automatiquement du contenu sur les réseaux sociaux ou pirater des e-mails ou des comptes Telegram, pour influencer des campagnes électorales. Selon l’enquête, cette société serait intervenue dans plus de 30 campagnes électorales, en Afrique notamment.

Les explications de Rachid M'Barki

 

Rachid M’Barki aurait raconté au directeur de BFMTV, Marc-Olivier Fogiel, le fonctionnement de sa relation avec cette agence israélienne. "Il m’explique que des brèves lui sont proposées par un intermédiaire et que cela relève de son libre arbitre éditorial", a rapporté le directeur. Selon lui, le présentateur "s’arrangeait pour demander (des) images en dernière minute" pour illustrer des brèves, "une fois que le rédacteur en chef était pris sur une autre tranche et avait validé l’ensemble de son journal".

Le principal intéressé a reconnu des opérations "d’entrisme", reconnaissant une "erreur de jugement journalistique" qui l'aurait conduit à "rendre service à un ami".  "Je n’avais pas l’impression que c’était le cas ou que je participais à une opération de je ne sais quoi sinon je ne l’aurais pas fait", a d'ailleurs affirmé Rachid M'Barki en janvier au site Politico.

 

Que risque-t-il ?

 

"Si les faits rapportés sont exacts, ils sont graves et condamnables", a réagi la Société des journalistes (SDJ) de BFMTV, le 2 février dernier. L'enquête, toujours en cours, a pour but de connaître le degré exact de collusion de Rachid M’Barki et s’il a été rémunéré pour diffuser ces fausses informations. Ce qu’il nie. 

De son côté, BFMTV déclare être "victime dans cette histoire". "Quand l’un des nôtres court-circuite la chaîne hiérarchique, ça pose problème", a réagi ce mercredi Marc-Olivier Fogiel.