Déserts médicaux : Nevers fait venir des médecins depuis Dijon… en avion !

26 janvier 2023 à 10h57 par Étienne Escuer

Les premiers "Flyings Doctors" sont arrivés à Nevers.
Les premiers "Flyings Doctors" sont arrivés à Nevers.
Crédit : Thierry ZOCCOLAN / AFP

De premiers médecins sont arrivés ce jeudi 26 janvier à Nevers en provenance de Dijon. Un déplacement qui se fait… en avion !

Après Orléans qui fait former des médecins par la faculté à Zagreb, en Croatie, au tour de Nevers de prendre des mesures radicales pour lutter contre la désertification médicale. Des premiers "Flying Doctors", venus de Dijon en avion, ont atterri ce jeudi matin dans la ville préfecture de la Nièvre pour pallier le manque criant de soignants. Huit médecins sont arrivés peu avant 9h, avant de rejoindre l'hôpital de la ville. Ils doivent retourner à Dijon le soir-même. 

 

Ce pont aérien a pour but de relier une fois par semaine Nevers à la capitale régionale Dijon en 35 minutes, contre près de trois heures en voiture ou deux heures et quart en train. « L'avion est le meilleur moyen de raccourcir les délais » alors que l'hôpital de Nevers est, en France, « l'hôpital départemental le plus éloigné d'un CHU », explique Denis Thuriot, maire LREM de Nevers. Ces "Flying Doctors" sont des pneumologues, cancérologues ou gynécologues destinés au centre hospitalier à qui il manque « une cinquantaine de médecins et au moins 35 infirmières », selon Patrick Bertrand, président de la Commission médicale du Centre hospitalier. Deux généralistes de SOS médecins sont également du voyage. « On va mettre en place une structure », actuellement inexistante dans la Nièvre, indique le docteur Romain Thévenoud. Avec un généraliste pour plus de 2.000 patients, contre 854 au niveau national, « 15 à 20% des malades n'ont pas de médecin traitant » dans la Nièvre, selon Thierry Lemoine, président du Conseil départemental de l'ordre des médecins. 

 

Une mesure critiquée par les écologistes

 

Le pont aérien a un coût mais il permettra en fait « d'économiser », assure Denis Thuriot. « Cela coûte 670 euros l'aller-retour par passager », alors qu'un médecin intérimaire peut demander jusqu'à « 3.000 euros la journée », calcule le maire. La mesure suscite toutefois de vives critiques parmi les miliants écologistes. « Un trajet en avion émet 1.500 fois plus de gaz à effet de serre qu'en train », regrette Sylvie Dupart-Muzerelle, conseillère municipale EELV de Nevers, qui dénonce « un coup de com à l'heure où l'Europe valide la suppression des vols intérieurs en France lorsqu'il existe une alternative en train en moins de 2h30 ». Cette mesure ne concerne cependant pas les vols privés comme celui Dijon-Nevers.

 

 

 

 

(Avec AFP)