Dossier environnement (2/5) : Fleurs d’ici prône les produits locaux et de saison

5 décembre 2023 à 6h00 par Hugo Harnois

Les fondatrices de Fleurs d'ici
Les fondatrices de Fleurs d'ici
Crédit : Compte Facebook Fleurs d'ici

2e épisode de notre dossier consacré cette semaine aux initiatives locales qui agissent en faveur de l’écologie. Aujourd’hui, on prend la direction du Mans pour s’intéresser à Fleurs d’ici.

 

« Le fil rouge de ma carrière, c’est l’intérêt général. » Après avoir été journaliste à la BBC (service publique de l’information internationale), Hortense Harang a créé en 2018 « Fleurs d’ici », avec son associée Chloé Rossignol. Misant avant tout sur les fleurs locales et de saison, la plateforme en ligne a notamment pour objectif de relocaliser l’horticulture en France, « car quand on a ouvert notre entreprise, c’était une branche de l’agriculture qui souffrait beaucoup des importations. 85 % des fleurs vendues en France étaient importées de l’étranger, et la France avait perdu 90% de ses horticulteurs, avec, évidemment, un impact carbone des produits très importants », évoque Hortense Harang. Cette dernière explique que l’essentielle des productions arrivent en France après des trajets en avion provenant du Kenya, de Colombie, d’Équateur ou d’Éthiopie : « un bouquet de 30 roses importées, c’est l’équivalent carbone d’un Paris-Londres en avion. » Avec Fleurs d’ici, « on permet de réduire de 90% l’empreinte carbone » des fleurs.

 

Un partenariat avec des centaines de fleuristes

 

Avec deux bureaux basés au Mans et à Paris, Fleurs d’ici comporte une quarantaine de salariés. La plateforme en ligne est en partenariat avec plusieurs centaines de fleuristes indépendants ainsi que des milliers d’horticulteurs venus de toute la France. Pour bénéficier de leurs services, il d’abord commander son bouquet en ligne. Celui-ci est ensuite attribué au fleuriste le plus proche du lieu de livraison, et l’artisan va réaliser la commande « à partir des fleurs les plus locales possibles », soutient la cofondatrice. Des fleurs « brutes venant d’horticulteurs eux-mêmes les plus proches » du client.

Depuis sa création en 2018, Fleurs d’ici semble avoir conquis le cœur de nombre de fleuristes. Hortense Harang ajoute qu’ils « aiment bien l’idée de faire des fleurs locales, mais ils n’ont pas toujours accès à de la fleur française. Donc quand on leur a proposé d’y avoir accès, ça les a beaucoup séduits, et ils se sont rapidement engagés dans la démarche pour pouvoir proposer ce produit à leurs clients. »

 

L'aide de l'intelligence artificielle

 

Afin d’être sûr que tout le monde joue le jeu, les fleuristes qui s’inscrivent dans le réseau s’engagent à signer une charte d’achat responsable, « et nous, précise la présidente, on leur fournit des solutions d’achat pour s’assurer qu’ils aient bien accès à de la fleur locale. On a également un contrôle qualité sur la base de photographies. On a développé une intelligence artificielle qui permet de reconnaitre les variétés en fonction des saisons ».

Selon la cofondatrice de Fleurs d’ici, les Français sont de plus en plus sensibles à ces enjeux environnementaux. D’après elle, aujourd’hui, une ferme florale serait créée toutes les semaines en France, ce qui aurait notamment permis d’augmenter la capacité de production de fleurs françaises de 10% en moins de cinq ans. « Les Français sont assez attentifs à la provenance des produits et aux conditions environnementales dans lesquelles ils sont produits », appuie-t-elle.

 

Nouvelle année, nouveau marché

 

Depuis sa naissance en 2018, la plateforme en ligne a connu une belle évolution, favorisée notamment par le Covid, « qui n’a pas été une catastrophe, mais plutôt un accélérateur pour nous. On a vu un changement des modes de consommation », analyse l’ancienne journaliste. Des habitudes de consommation qui mutent dans la sphère florale, mais aussi alimentaire. C’est pourquoi Hortense Harang et son associée ont « l’ambition d’aller beaucoup plus loin, et proposer des produits locaux de façon plus générale, notamment sur l’alimentaire ». Sur la base de l’outil technologique développé pour Fleurs d’ici, elles et leur équipe sont actuellement en plein travail pour investir ce marché.

En effet à partir du 1er janvier 2024, la loi EGAlim va exiger que 60% des produits « viandes et poissons » devront être durables ou sous signe d’origine et de qualité, pour tous les restaurants collectifs publiques et privés. « On a gros challenge à relever de ce point de vue-là, parce qu’il va falloir permettre à toutes les cantines de France de s’approvisionner en local, c’est notre ambition pour la prochaine année. »