Inflation : comment consommateurs et grande distribution s’adaptent ?

14 septembre 2022 à 8h00 par Étienne Escuer

Un rayon d'un magasin Leclerc.
Un rayon d'un magasin Leclerc.
Crédit : Commons - Lionel Allorge

L’inflation de ces derniers mois a poussé les consommateurs mais aussi la grande distribution à s’adapter pour en limiter l’impact.

Vous l’avez sans doute remarqué en allant faire vos courses, le montant du ticket de caisse est bien plus élevé depuis quelques mois, sans que le chariot ne soit plus rempli. La faute à l’inflation, qui a atteint +5,8% en août sur un an, avec une hausse qui se fait particulièrement sentir sur les produits alimentaires.

 

Trois nouvelles habitudes pour les consommateurs

 

Selon Olivier Dauvers, journaliste spécialiste de la grande distribution, les consommateurs ont pris de nouvelles habitudes ces derniers mois. « La première, c’est de se diriger vers des enseignes dont on pense que ce sont des alliés pour le pouvoir d’achat, ceux qui ont la meilleure image-prix, comme Leclerc et Lidl », explique-t-il. « On fait aussi attention aux quantités que l’on achète. Sur l’alimentation c’est compliqué mais pour l’hygiène ou la droguerie, on voit des baisses de volumes. » Enfin, Olivier Dauvers observe une descente en gamme. « A la place d’une grande marque, on prend une marque de distributeur, ou une marque premier prix si l’on prenait déjà une marque de distributeur. » Selon lui, ces trois phénomènes « sont concomitants, le consommateur prend tous les chemins susceptibles de lui faire des économies, active tous les leviers possibles. »

 

Chez les distributeurs, surtout de la communication

 

En face, la grande distribution a également développé de nouvelles stratégies, pour attirer les consommateurs. « Les enseignes tentent de les rassurer au maximum, avec beaucoup d’image-prix : le bouclier anti-inflation de Leclerc, les prix bloqués de Carrefour », confie Olivier Dauvers. « Les enseignes sont très imaginatives en termes de sémantique, mais ce n’est que de la communication. Cela n’empêche pas l’inflation d’entrer dans les magasins. » L’expert de la grande distribution poursuit : « Ça doit donner à penser aux consommateurs que cette enseigne fait plus d’efforts que les autres. On est vraiment dans la communication et la publicité, ce n’est pas un vilain mot, mais c’est un fait. » Autre stratégie suivie par les enseignes : « mettre en avant leurs produits premiers prix et marques de distributeurs », selon Olivier Dauvers, « car ce sont des réponses économiques à un problème qui touche les consommateurs. »

 

Pour autant, la grande distribution ne profite pas de l’inflation. « L’inflation bride la consommation, ça ne peut pas réjouir les distributeurs et les industriels », rappelle Olivier Dauvers. « Ils la subissent, vendent les produits plus chers, mais les achètent aussi plus chers avec le risque d’en vendre moins. » Selon le journaliste spécialisé, « quand il y a de l’inflation, toutes les chaines de production sont en tension : le consommateur met la pression sur le distributeur, lui-même met la pression sur son fournisseur, qui lui-même met la pression sur les producteurs de matières premières ». En bout de chaîne, ces derniers risquent d’ailleurs d’être les principales victimes de l’inflation.