Après Pâques, le ramadan perturbé aussi par le confinement

23 avril 2020 à 5h20 par Etienne Escuer

Une prière dans une mosquée. Image d'illustration.
Une prière dans une mosquée. Image d'illustration.
Crédit : CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Le mois de ramadan doit débuter en cette fin de semaine pour les musulmans, en pleine période de confinement.

Le coronavirus continue de perturber les principales cérémonies religieuses. Début avril, les chrétiens n’avaient déjà pas pu célébrer Pâques dans les églises ou en famille, en raison des mesures de confinement. En la cathédrale Notre-Dame de Paris, quelques artistes et religieux avaient tout de même pu organiser une célébration inédite du Vendredi Saint, avec des tenues de protection.

Pas de dérogation particulière pour le jeûne

A son tour, la religion musulmane voit ses fêtes perturbées. Une nuit du doute est prévue ce jeudi 23 avril, afin de déterminer si le ramadan, mois sacré de l’islam, débute demain ou samedi. Les musulmans devront alors respecter un jeûne du lever au coucher du soleil. Alors que le confinement peut déjà éprouver psychologiquement certaines personnes, cela ne risque-t-il pas d’être compliqué à vivre ? Mustapha Ettaouzani, président du conseil départemental du culte musulman du Loiret, pense que le coronavirus ne devrait pas perturber cet aspect du ramadan. « Les gens en mauvaise santé sont déjà exemptés du jeûne », explique-t-il. « Pour les personnes en bonne santé, le confinement n’est pas un empêchement. Elles sont à la maison, sans activité physique, le jeûne ne pourra donc être que très bon ! »

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Les mosquées fermées

En revanche, pour l’aspect spirituel, impossible de se rendre dans les mosquées, actuellement fermées comme tous les lieux de culte en raison du confinement. Un véritable « crève-cœur » pour Mustapha Ettaouzani, qui comprend toutefois la mesure. Il faudra donc prier à domicile, rappelle-t-il, alors que les mosquées avaient tendance à être davantage remplies pendant ce mois sacré. « On sait que beaucoup de musulmans qui ne sont pas très pratiquants toute l’année le deviennent à plus forte raison pendant le ramadan », confie Mustapha Ettaouzani.

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Organiser les distributions de repas aux plus démunis

Si la prière peut se faire à la maison, il a cependant fallu s’organiser pour un autre aspect du ramadan : sa fonction sociale. En effet, des distributions alimentaires ont lieu traditionnellement pour les personnes précaires. « Les mosquées distribuent des centaines de repas par jour », explique Mustapha Ettaouzani. « Il y a des réflexions qui se mettent en place pour assurer une distribution en respectant les gestes barrières ou une livraison à domicile. »

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Si le ramadan débutera en période de confinement, la communauté musulmane espère en revanche que les mesures pourront être assouplies pour la fin du mois, l’Aïd el-Fitr, une fête qui marque la rupture du jeûne (prévue fin mai).

Un manque de place dans les carrés musulmans

Plusieurs organisations musulmanes tirent cependant la sonnette d’alarme depuis quelques semaines sur une autre conséquence de l’épidémie de coronavirus. Cette dernière a provoqué une surmortalité dans de nombreux départements et les carrés confessionnels dans les cimetières se retrouvent saturés. « Il y a des familles en France qui ne peuvent pas faire leur deuil de manière digne », explique Mustapha Ettaouzani. « Il ne faudrait pas créer une double peine : celle de perdre un proche, et celle de ne pas pouvoir l’enterrer dignement ».

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Plusieurs organisations demandent ainsi aux mairies l’ouverture de carrés confessionnels supplémentaires, comme le permet la loi.