Après un an de fermeture, le blues des gérants de discothèques

15 mars 2021 à 6h30 par Etienne Escuer

VIBRATION
Les gérants de discothèques ont manifesté à Orléans, le 11 mars dernier.
Crédit : Rédaction / Etienne Escuer

Les discothèques viennent de « fêter » un triste anniversaire ce week-end. Elles n'ont plus accueilli de clients depuis désormais un an.

Cela fait désormais un an qu’elles sont fermées : les discothèques ne voient pas le bout du tunnel, dans cette crise sanitaire. Premiers établissements à fermer, et très certainement derniers à rouvrir, cela joue forcément sur le moral de leurs gérants, comme le confie Médérick Rousseau. « Peu de personnes peuvent tenir, aussi bien économiquement que moralement, un an sans travailler », explique le gérant du Millenium, à Auxerre, dans l’Yonne. « J’ai repris un travail et je suis pompier, donc ça permet de garder le moral, mais il y a des jours plus compliqués que d’autres. »

 

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Même sentiment chez Franck Lemaire, gérant du Sept, à Chaingy, dans le département voisin du Loiret. « Au début, c’était un peu "rigolo", on s’attendait à rouvrir un ou deux mois après », confie-t-il. « Là, ça fait un an, donc oui, moralement, ça touche. On a envie de travailler, de faire vivre le monde de la nuit. »

 

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Economiquement, les établissements survivent tant bien que mal

L’un comme l’autre s’accordent toutefois pour dire qu’après des premiers mois difficiles économiquement, où ils se sont sentis oubliés, le gouvernement a désormais rectifié le tir. Les aides leur permettent aujourd’hui de survivre, sous perfusion, même si la crise sera fortement fatale à plusieurs établissements. Si certaines discothèques se sont transformées en bars pour rouvrir l’été dernier, Médérick Rousseau n’a pas fait ce choix. « Je me doutais bien que le gouvernement fermerait aussi les bars tôt ou tard. Ceux qui en ont profité n’ont pu le faire que deux mois », détaille-t-il. « Et puis c’était chacun à sa table, pas de rencontres, pas de danse. Ce n’était pas ma vision du métier. »

 

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Une réouverture, mais dans quelques circonstances ?

Quel avenir désormais pour les discothèques ? La plupart des établissements savent qu’il leur faut encore prendre leur mal en patience. Une réouverture est évoquée en fin d’année 2021, mais début 2022 semble plus raisonnable à en croire les professionnels du secteur. « C’est très flou pour l’instant mais ce qui est sûr, c’est qu’on sera les derniers à rouvrir », explique Franck Lemaire.

 

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Une réouverture, oui, mais dans quelles circonstances ? C’est ce qui inquiète aujourd’hui les professionnels du secteur. « La discothèque, c’est un endroit de convivialité, on ne peut pas rester à trois mètres l’un de l’autre », estime Patrick Bonnefon, à la tête du Georges, à Orléans. « Etant donné que les aides de l’Etat sont aujourd’hui acceptables, il vaut mieux attendre six, huit ou dix et ouvrir dans de bonnes conditions, plutôt qu’avec des jauges. » Principale crainte des gérants de boîtes de nuit : que le gouvernement décrète une ouverture avec des protocoles sanitaires stricts, mais coupe les aides en parallèle.

 

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Le sentiment est partagé par Médérick Rousseau, du Millénium. « Quel gain nos clients vont-ils trouver à venir chez nous avec des règles strictes, alors qu’ils peuvent faire des soirées chez eux sans masque et sans distanciation ? », se demande le patron de la discothèque auxerroise.

 

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Tous les professionnels interrogés se rejoignent cependant sur un point : quand la vie reprendra son cours normal, les clients reviendront en nombre dans les boîtes de nuit pour fêter ça.