Des médecins veulent comprendre des patients en se mettant à leur place

29 novembre 2017 à 8h04 par Benoit Hanrot

VIBRATION
Crédit : L'expérience consistant à prendre la place de patients semble porter ses fruits / Pixabay

Pour mieux comprendre les malades, les praticiens ont plusieurs solutions : discuter avec eux, consulter leur grimoire des maladies, dialoguer avec des confrères. Au CHU de Nice, le service de gastro-entérologie vient de terminer une nouvelle expérimentation : se mettre directement dans la peau des patients qui sera prochainement testée à Tours. Décryptage :

Au service gastro-entérologie du CHU de Nice, ils sont 25 professionnels de santé à avoir réalisé une expérience pour mieux comprendre leurs patients. Ils ont vécu au rythme des 200 000 personnes en France qui souffrent de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Les soignants sont tombés de haut. Malgré le fait de connaître par cœur les pathologies qu’ils traitent chaque jour, ils se sont vite rendus compte du calvaire rencontré au quotidien par les malades.

Les patients ne se sentent pas toujours compris ou entendus

Durant l’expérience, une autre équipe était chargée de donner des ordres aux participants par SMS. Certains avaient quelques minutes pour se rendre aux toilettes, d’autres étaient réveillés en pleine nuit ou au petit matin pour les mêmes raisons. Pour coller au maximum à la réalité du quotidien des patients, des soignants ont même dû porter des couches, décrites par certains comme « horriblement chaud et inconfortable ». Dans le pire des cas, l’un d’eux s’est vu entendre dire durant sa journée de travail que ses résultats n’étaient pas bons et qu’il allait falloir envisager l’opération.

Une application pour faire évoluer les mentalités

Pour les aider dans cette expérience, les participants ont utilisé l’application « In Their Shoes », « dans leurs chaussures » en français (qui doit arriver au CHU de Tours très prochainement). Cet outil a été développé grâce à l’aide d’experts pour sensibiliser ceux qui soignent les maladies et faire évoluer les pratiques médicales. Autre point important de l’expérience : prendre conscience que l’empathie des professionnels de santé fait partie du traitement des patients.

 

D’autres expériences ont été menées par le passé

Il est parfois difficile de savoir ce que veulent ou pensent les personnes âgées. Au service gériatrie de l’AP-HP de Villejuif (région parisienne), les étudiants et soignants ont eu l’opportunité d’enfiler une combinaison pour vivre le parcours d’un retraité à l’hôpital. Au programme : un casque pour réduire les capacités auditives, lunettes sombres et diminution de la coordination. Objectif de cette initiative : promouvoir la bientraitance, parfois mise de côté dans certains établissements, souvent par manque de temps ou d’effectif.