Pourquoi certaines plantes modifiées ne seront plus considérées comme des OGM

Publié : 9h11 par Alicia Méchin

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L'Union européenne a trouvé un accord pour autoriser de nouvelles techniques génomiques, les NTG.

L’Union européenne a récemment trouvé un accord important concernant l’avenir de l’agriculture et de l’innovation végétale : l’autorisation encadrée des nouvelles techniques génomiques, appelées NTG (ou NGT en anglais). Derrière cet acronyme technique se cache un changement majeur dans la manière de modifier les plantes… et surtout dans la façon dont ces modifications seront perçues et réglementées.

L’objectif affiché de ces nouvelles techniques est clair. Il s’agit de développer des plantes plus résistantes aux défis actuels, notamment le changement climatique, les épisodes de sécheresse, les vagues de chaleur ou certaines maladies. Selon leurs promoteurs, les NTG pourraient également améliorer les rendements agricoles tout en réduisant l’usage de pesticides ou d’intrants chimiques.

Donc on va retrouver des OGM dans notre alimentation ?

Contrairement aux OGM « classiques », qui consistent à introduire dans une plante un gène provenant d’une autre espèce, les NTG reposent sur une approche différente. Avec ces techniques, le génome de la plante est bien modifié, mais uniquement à partir de son propre ADN. Aucun ADN étranger n’est ajouté. On parle souvent d’édition génomique, c’est-à-dire d’une modification ciblée et précise de gènes déjà présents.

Concrètement, cela peut consister à désactiver un gène, à modifier légèrement son expression ou à reproduire une mutation qui pourrait, en théorie, apparaître spontanément dans la nature. Prenons un exemple simple : une tomate dont un gène est « éteint » afin qu’elle résiste mieux aux fortes chaleurs. Une telle mutation pourrait survenir naturellement au fil des générations, mais les NTG permettent d’obtenir ce résultat beaucoup plus rapidement et de manière contrôlée.

C’est précisément cette proximité avec les mécanismes naturels qui change la donne. L’Union européenne considère que certaines plantes obtenues par NTG sont biologiquement équivalentes à des plantes issues de la sélection naturelle ou de méthodes de sélection traditionnelles. Cette notion d’« équivalence » est au cœur du nouveau cadre juridique.

Résultat : certaines plantes génétiquement modifiées par NTG pourront être mises sur le marché sans être étiquetées ni réglementées comme des OGM au sens classique du terme. Autrement dit, les repères changent. Une plante dont le génome a été modifié en laboratoire pourra être vendue comme si elle avait été obtenue naturellement, du point de vue juridique.

Cette évolution suscite à la fois des espoirs et des inquiétudes. Pour les partisans des NTG, il s’agit d’un outil indispensable pour adapter l’agriculture aux contraintes environnementales futures. Pour leurs détracteurs, cette requalification brouille les frontières entre naturel et artificiel et pose des questions de transparence pour les consommateurs.

En conclusion, le génome de ces plantes est bien modifié, et elles ne sont pas « naturelles » au sens courant du terme. Cependant, l’Union européenne choisit de les traiter juridiquement comme si elles l’étaient. Ce glissement réglementaire marque une étape décisive dans la manière dont nos sociétés envisagent la biotechnologie, l’agriculture et la notion même de naturel.

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