Une Orléanaise raconte un métier aussi original que méconnu : sous-titreuse

21 novembre 2022 à 6h00 par Hugo Harnois

Carole Benyamin
Carole Benyamin
Crédit : Carole Benyamin

Nous sommes nombreux à regarder nos films et nos séries en VOSTFR sans forcément savoir qui sont les personnes qui créent les sous-titres. On en a rencontré une, et elle est orléanaise.

C’est un métier que peu de monde connait mais qui est pourtant primordial quand on regarde un film ou une série en VO, le travail de sous-titreur. Habitant à Saint-Jean-le-Blanc, près d’Orléans, Carole Benyamin est autrice et adaptatrice à son compte depuis 2015. La jeune femme a d’abord effectué une licence LLCE (langues, littératures et civilisations étrangères) option traduction littéraire, avant un Master professionnel en traduction audiovisuelle, spécialisé en sous-titrage et doublage.

 

Littéraire et technique

La trentenaire décrit son travail par des mots simples : « c’est écrire les sous-titres en français quand les gens regardent un film ou une série en version originale anglaise ». D’une part, on lui envoie les images de la production à sous-titrer. « Je reçois aussi, dans le meilleur des cas, un script en VO, je travaille ensuite avec la vidéo que j’importe dans un logiciel de sous-titrage. Et mes missions, c’est à la fois de la traduction, avec un côté littéraire, mais aussi un travail technique », poursuit Carole Benyamin.

L’aspect technique consiste à caler les sous-titres en fonction notamment des dialogues des protagonistes. L’Orléanaise va plus loin : « on va essayer d’être en harmonie avec le film pour que les sous-titres apparaissent quand ils ne choquent pas l’œil, ce qui va nous apporter des contraintes de traduction. Les sous-titres vont avoir un temps d’apparition à l’image en fonction du montage mais aussi de la diction des comédiens. Si un personnage dit une phrase rapidement, le sous-titre va apparaitre très peu de temps à l’écran. L’oreille humaine peut entendre plus de mots que l’œil ne peut en lire. S’il y a beaucoup d’informations en très peu de temps, en sous-titrage, il faudra synthétiser, réduire ce qui est dit pour que ce soit lisible. »

 

Fargo, CB Strike, La Servante Écarlate...

Carole Benyamin peut aussi bien traduire des séries américaines comme Fargo ou CB Strike, que des films sélectionnés au Festival de Cannes. Elle évoque aussi une autre production sur laquelle elle a pris grand plaisir à travailler : « je viens de sous-titrer la dernière saison de La Servante Écarlate, sur OCS, qui très intéressante car c’est l’adaptation d’un livre de Margaret Atwood. Cela ajoute certaines difficultés, on a dû s’harmoniser avec la traduction du roman faite en français, notamment sur tout un tas de termes spécifiques, comme les noms propres et les termes inventés pour cette intrigue. » Concrètement, sous-titrer un épisode d’une petite heure de La Servante Écarlate met environ quatre ou cinq jours à l’adaptatrice.

Enfin, le statut d’auteur dont dépend Carole Benyamin est très vaste et varie en fonction du corps de métier. Financièrement parlant, Carole affirme que « lorsque l’on est indépendants, on n’est pas vraiment indexés sur les évolutions du coût de la vie. Mes tarifs n’ont pas tellement augmenté depuis dix ans que je fais ce métier. Il faut toujours se battre pour avoir des augmentations, mais oui, on en vit ».