Baisse des moyens de l’équipe féminine de l’US Orléans : le président du club réagit
Publié : 29 mai 2024 à 10h01 par Étienne Escuer
Le nouveau président de l’US Orléans a pris la parole après l’annonce de la réduction des moyens de l’équipe féminine de football.
« L’urgence aujourd’hui est d’assurer la survie du club dans sa globalité, des sections masculines et féminines et de la formation » : le nouveau président de l’US Orléans, Cyril Courtin, a pris la parole ce mardi 28 mai face à la tempête médiatique qui touche actuellement le club. La semaine dernière, il a en effet annoncé aux joueuses de l’équipe féminine, qui ont acquis sur le terrain leur maintien en deuxième division malgré des moyens limités, qu’il ne réengagerait pas le club à cet échelon (ce qui laisserait une vingtaine de joueuses pro sur le carreau). L’argent ainsi économisé grâce à une rétrogradation au niveau amateur permettrait ainsi de réduire le déficit du club. « En janvier 2024, la DNCG a rétrogradé le club en National 2 en raison de son endettement », rappelle Cyril Courtin, qui indique avoir repris l’USO pour lui éviter le dépôt de bilan, alors que le club loirétain « connaît chaque année un déficit de 2 millions d’euros dans ses dépenses de fonctionnement ».
L'USO, un cas singulier
Si Cyril Courtin dit « comprendre » la colère des joueuses de l’USO et l’indignation des amoureux du football, il assure que la décision a été prise « à contrecœur » et « après avoir épuisé toutes les options ». Il rappelle que « le déficit de fonctionnement des équipes féminines est bien souvent comblé par les branches masculines des clubs ». Comme l'explique La République du Centre, si l’équipe masculine de l’USO dépend d’une société et de partenaires privés, son équipe féminine, elle, dépend d’une association, financée par la société privée à hauteur de 600.000 euros et des subventions. La création cette année d’une Ligue féminine de football professionnel (LFFP) impose un cahier des charges plus contraignant et donc des dépenses supplémentaires, tandis que les recettes ne suivent pas. Qui plus est, évoluant en National, l’équipe masculine ne touche pas de droits TV, limitant ainsi fortement son budget. La situation de l’USO est ainsi assez singulière, puisque seuls deux autres clubs féminins professionnels sur 24 ont le même profil, tandis 70% sont issus d’un club masculin évoluant en Ligue 1 ou Ligue 2 et que quatre autres sont exclusivement féminins.
Repenser le modèle économique du sport
Pour l’ancienne basketteuse et conseillère régionale socialiste déléguée à l’égalité femme-homme Fanny Pidoux, au-delà du cas de l’US Orléans, « nationalement, nous devons repenser le repenser le modèle économique du sport, et particulièrement celui du sport féminin », explique-t-elle dans une tribune. « Les présidents de club parlent de repositionnement sur le secteur masculin au détriment du secteur féminin. Certains clubs assument désormais une gestion et une stratégie misogynes. » Pour elle, l’argent réinjecté dans la section masculine « ne représente qu’une infime partie du budget nécessaire pour espérer une montée. Si cette décision est cruciale pour le modèle économique de l’USO, il est impératif de s’interroger sur la capacité du nouveau propriétaire à financer durablement ce club. » Après le dépôt de bilan du Fleury Loiret Handball et le sauvetage in extremis de l’EC Orléans Loiret Volley, Fanny Pidoux réclame d’adopter des budgets sensibles au genre, de garantir une égalité d’accès aux équipements ou encore de communiquer et valoriser davantage le sport féminin. « Il est temps d’organiser des assises du sport féminin à l’échelle de la métropole afin de permettre à nos clubs de vivre et de viser l’élite avec la même ambition que pour les équipes féminines », poursuit-elle. « Rendre visible le sport féminin est indispensable pour que les jeunes filles ainsi que les femmes se projettent et investissent les terrains. »
La LFFP a réagi également par communiqué, confirmant les difficultés économiques de l’US Orléans. Elle fait savoir qu’une analyse de la situation est en cours et que le ministère des Sports a été sollicité. En parallèle, une pétition a été lancée sur le site change.org pour demander à la direction de l’US Orléans de revenir sur sa décision. Ce mercredi 29 mai matin, plus de 3.300 signatures ont déjà été récoltées.