Bourgogne : une asso’ met en lien des familles de la région et des étudiants étrangers
Publié : 17 septembre 2024 à 6h00 par Hugo Harnois
Quitter son quotidien, prendre ses bagages et partir à l’autre bout du monde. Beaucoup en rêvent, certains le font grâce à AFS Sans Frontières, une association qui permet aux étudiants de partir vivre dans une famille d’accueil à l’étranger.
Entre la barrière de la langue, les différences culturelles et l’éloignement familial, partir à l’étranger pour y vivre quelques mois peut toujours faire un peu peur. Mais pas à certains étudiants, comme Laura, 18 ans, en classe de Terminale, habitant à Moulins dans l’Allier.
Destinations au choix
L’association AFS Sans Frontières est venue dans son lycée faire une présentation de ses missions. « Cela faisait déjà un bon moment que j’étais au courant que ce genre d’association existait, et j’étais très motivée pour le faire », assure-t-elle aujourd’hui. Grâce à l’encadrement, aux multiples réunions d’informations et au sérieux de l’association, les parents de la lycéenne ont accepté de la laisser partir 10 mois en Thaïlande lorsqu’elle était en Première. « Il y a énormément de choix, il y en a pour tous les goûts, mais j’ai choisi la Thaïlande car je voulais vraiment partir loin, avoir un choc de culture, et découvrir une nouvelle façon de vivre. »
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a obtenu le résultat qu’elle voulait. « C’était très différent de ce que je connaissais. Ma famille d’accueil a été super, mais il y avait une différence culturelle en termes de communication. Les Thaïlandais ont pour habitude de ne pas montrer leurs faiblesses quand il y a un conflit, de ne pas dire les choses. Ça peut créer, au début, un sentiment de froid. Ils sourient souvent mais ce n’est pas forcément franc tout le temps. Il faut s’adapter à tout cela. » Même ressenti à l’école, dans laquelle les élèves et les professeurs ont un lien beaucoup plus fort qu’en France, d’après Laura.
Un engagement bénévole
Pour recevoir tous ses étudiants, il faut bien évidemment des familles d’accueil qui acceptent d’ouvrir leurs portes et de partager leur quotidien. Une participation qui doit rester totalement bénévole et sans contrepartie, assure Isabelle Cambon, professeure des écoles, qui héberge des jeunes à son domicile à Gannat depuis déjà une douzaine d’années : « c’est du bénévolat et c’est l’une des richesses d’AFS. Pour nous, c’est important de donner de notre temps. L’association prend seulement en charge les frais de cantine, et à la maison, ils sont nourris, blanchis. Tout le quotidien, c’est nous qui gérons. Ils participent à la vie de la famille, au même titre que n’importe quel autre membre de la maison, ce sont les mêmes règles, et c’est ça qui est chouette. »
Durant ces 12 années de collaboration avec AFS Sans Frontières, la Gannatoise a accueilli des étudiantes aussi bien québécoise, américaine, australienne qu’égyptienne et, à chaque fois, l’expérience s’est révélée concluante. « Quand on part en vacances ou quand on fait des activités, elles viennent avec nous, on essaye de leur faire découvrir notre région. Ce n’est pas une obligation, mais l’important, c’est de leur faire partager une expérience culturelle, découvrir la vie avec d’autres jeunes de leur âge, une autre manière de vivre, d’autres traditions », explique-t-elle.
Des traditions justement, la lycéenne Laura a pu en faire l’expérience en Thaïlande, et notamment à table, où, sans surprise, la nourriture était « très épicée. Ils mangent beaucoup car pour eux là-bas, si l’on ne mange pas, c’est synonyme que l’on est malade. »
La langue, un obstacle ?
En revanche, la barrière de la langue n’a pas été plus compliquée que cela pour la Moulinoise, à sa grande surprise : « mon niveau d’anglais était très bas quand je suis partie, et j’avais vraiment peur de ça, mais en fait, ça se fait vraiment naturellement. » Même son de cloche pour Isabelle qui rassure que « ça va très vite. Quand vous baignez dans une famille au quotidien, c’est d’abord épuisant pour eux le premier mois, mais après, ils commencent à comprendre pas mal de choses. Le plus lent, ce n’est pas la compréhension, mais l’expression. Donc il faut arriver à les mettre en confiance, et qu’ils prennent sur eux par rapport à l’angoisse de parler. »
Si aujourd’hui, Isabelle ne souhaite pas forcément accueillir à nouveau des étudiants étrangers, elle n’hésite pas à garder contact avec celles qu’elle a déjà reçues chez elle. Mieux, la professeure des écoles n’a pas hésité à son tour à se rendre chez certaines d’entre elles, et de rencontrer leurs familles. Par exemple, elle est allée voir la jeune fille égyptienne au printemps dernier. Un voyage qui lui a permis de « comprendre le choc culturel qu’elle avait dû avoir en arrivant ici, car c’est un pays complètement différent. Et c’est ce qui nous attire dans cet accueil, la découverte de l’autre, faire tomber des barrières, relativiser plein de choses, partager nos valeurs, et favoriser ce vivre-ensemble. »
Du côté de la lycéenne, cette dernière assure que ce voyage l’a tout simplement métamorphosée : « j’ai vu la différence entre la moi de quand je suis partie, et la moi de maintenant qui, forcément, s’affirme beaucoup plus, est beaucoup plus extravertie, va vers les autres, parle, ose. C’est ça le mot, ‘oser’. On se sent beaucoup plus libre de faire des choses qu’on n’aurait pas forcément faites avant cette expérience, on a franchement gagné en maturité et en confiance en soi aussi. » Preuve définitive du succès du voyage de Laura : sa volonté de repartir et de tenter à nouveau l’expérience ailleurs, toujours dans le cadre de ses études : « je le ferai sans hésiter ».