Franchises médicales : pourquoi le renoncement du gouvernement ne change pas tout

Publié : 9h22 par Alicia Méchin

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Le gouvernement avait envisagé de doubler les franchises médicales par décret, une mesure très critiquée, avant d’y renoncer récemment.

À première vue, cette décision peut sembler rassurante pour les assurés. Mais derrière cette annonce se cache une réalité plus complexe, et une question de fond qui reste entière.

Donc on ne paiera pas plus ?

Pour bien comprendre les enjeux, il faut d’abord rappeler ce qu’est une franchise médicale. Il s’agit de la petite somme restant à la charge du patient pour chaque boîte de médicaments, chaque acte paramédical ou chaque transport sanitaire. Contrairement aux idées reçues, ces montants ne sont jamais remboursés, y compris par les complémentaires santé.

Aujourd’hui, ces franchises existent déjà : 50 centimes par boîte de médicaments, 1 euro par acte paramédical ou transport sanitaire. Ce que beaucoup ignorent cependant, c’est l’existence d’un plafond annuel de reste à charge. Quel que soit le nombre de soins consommés dans l’année, le montant total des franchises médicales est plafonné à 50 euros par personne et par an.

Ce plafond joue un rôle crucial de protection, notamment pour les patients atteints de maladies chroniques, les personnes âgées ou celles nécessitant des soins réguliers. Le projet initial du gouvernement prévoyait de doubler ce plafond, le faisant passer de 50 à 100 euros par an. Autrement dit, la mesure n’aurait pas touché l’ensemble de la population de manière uniforme, mais aurait principalement pénalisé ceux qui atteignent déjà le plafond actuel.

En renonçant à ce projet, l’exécutif évite donc un surcoût direct pour les patients les plus fragiles. Toutefois, cette décision ne règle pas la question centrale qui motive ces débats récurrents : celle du financement du système de santé. Derrière la polémique sur les franchises se pose un choix politique fondamental : faut-il faire porter une part croissante des dépenses de santé sur les patients, ou préserver un haut niveau de solidarité collective ?

Le recul du gouvernement apaise temporairement les tensions, mais ne ferme pas le débat. À l’heure où les dépenses de santé continuent d’augmenter, la question de savoir qui doit en supporter le coût reste pleinement ouverte — et reviendra inévitablement sur la table.

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