Législatives 2024 : combien va coûter le programme du Nouveau Front populaire ?

Publié : 24 juin 2024 à 14h46 par Rubens Constantino

Le Nouveau Front Populaire a annoncé le chiffrage et le financement de leur programme
Le Nouveau Front Populaire a annoncé le chiffrage et le financement de leur programme
Crédit : Capture d'écran Conférence de Presse Nouveau Front Populaire / Compte Youtube de La France Insoumise

Après l’audition de Boris Vallaud et Éric Coquerel, membres du Nouveau Front populaire, devant les organisations patronales représentatives du Medef jeudi 20 juin (Mouvement des Entreprises de France), l’alliance de gauche a dressé le chiffrage et le financement de leur programme lors d’une conférence de presse ce vendredi 21 juin. On fait le point.

J-6 avant le premier tour des élections législatives anticipées. On a décidé de vous détailler chaque jour le programme d’un parti via le prisme du coût. Afin de rester neutre, nous avons choisi de le faire par ordre alphabétique. Place donc ce lundi au Nouveau Front populaire.

Une « rupture immédiate avec la politique d’Emmanuel Macron », c’est le mot d’ordre donné ce vendredi matin par Eva Sas, députée écologiste sortante au sujet de la direction souhaitée par le programme du Nouveau Front populaire. Ce vendredi matin, Alexandre Ouizille, sénateur socialiste, Éric Coquerel, député sortant La France Insoumise et entre autres, Julia Cagé, professeure en économie, ont détaillé le chiffrage et le financement du programme du NFP qu’ils jugent « crédible et réalisable ».

Jeudi 20 juin, Jean-Luc Mélenchon avait estimé le coût des propositions réalisées à 200 milliards d’euros sur cinq ans, montant largement compensé selon lui par des recettes évaluées à « 230 milliards d’euros ». Des sommes revues à la baisse lors du détail du chiffrage annoncé lors de la conférence de presse tenue le vendredi 21 juin.

« Mesures d’urgence »

La première préoccupation du Nouveau Front populaire, c’est d’établir une « priorité au pouvoir d’achat » par des « mesures d’urgence ». Le sénateur communiste, Ian Brossat, justifie ces mesures par la dégradation des finances publiques depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron en 2017.
 
Parmi ces mesures donc, l’augmentation du SMIC à 1600€ net, soit une augmentation de 14% du salaire minimum. La proposition a pu effrayer les chefs d’entreprise qui ne seraient pas en mesure d’augmenter le salaire de leurs employés, un argument dont les membres du Nouveau Front populaire se défendent en avançant le fait que cette augmentation sera à l’origine d’une hausse de la consommation et de la demande publique. Un mécanisme qui induira donc des recettes fiscales pour l'État, qui pourront ensuite être redistribuées aux entreprises. Une aide « temporaire » est également promise pour les très petites entreprises (TPE), pour qui augmenter ses salariés représenterait un coût trop important.
 
Autre mesure socio-économique forte émanant du programme du NFP, l’abrogation de la réforme des retraites et de l’assurance-chômage. En outre, une augmentation de 10% du point d’indice des fonctionnaires et du montant des aides pour le logement (APL) est prévue. Concernant l’école publique, l’alliance de gauche souhaite un financement intégral par l’État pour la rendre gratuite, incluant les frais de cantine, les fournitures scolaires, les transports et les activités périscolaires.
 
En tout, ces décisions se chiffrent à « 25 milliards d’euros » pour 2024 selon l’alliance de gauche. La question du financement se pose donc… Et la réponse aportée par Alexandre Ouizille, sénateur socialiste, concerne deux pistes : le retour d’un impôt sur la fortune (ISF) renforcé avec « une composante climatique » et la taxation des superprofits, deux pistes qui rapporteraient 15 millions chacunes aux caisses de l’État en 2024, soit pour la première année, en cas de victoire du NFP.

« Rentrées fiscales nouvelles » 

La répartition juste et équitable des recettes a toujours été l’une des revendications principales des partis politiques composant actuellement le Nouveau Front Populaire. Pour cette échéance éléctorale, cette condition est toujours d’actualité. En témoigne la promesse d’Éric Coquerel de « mieux répartir les richesses », notamment par la mise en place de taxes sur les dividendes, qui épargnerait « 92% des Français » selon lui. Dans le détail, cette nouvelle progressivité de l’impôt sur le revenu serait doté de quatorze tranches d'imposition, au lieu de 5 actuellement. Manon Aubry, eurodéputée LFI, affirme que « tous ceux qui gagnent moins de 4.000€ par mois […] paieront moins d’impôt ».
 
En plus de cette mesure, le NFP avance la suppression de niches fiscales (avantages fiscaux sous conditions, ndlr.) et une hausse de l’impôt sur le patrimoine. Le montant récupéré serait de 100 milliards d’euros, réutilisés dans le recrutement des professeurs pour atteindre l’objectif de 19 élèves par classe, la rénovation thermique des bâtiments et financer « une garantie autonomie » pour les jeunes se situant sous le seuil de pauvreté.

« 150 milliards d’euros de dépenses » à l’horizon 2027

« 25 milliards d’euros en 2024 », « 100 milliards fin 2025 », « 150 milliards fin 2027 » d’après Alexandre Ouizille, le coût du programme du Nouveau Front populaire, qui s’étalera sur 3 ans va s’élever, à terme, à « 150 milliards d’euros », chiffre confirmé par Éric Coquerel.
 
Pour cette période 2026-2027, le NFP avance ces 150 milliards d’euros de dépenses pour financer une « transformation en profondeur » du pays. Un bouleversement que l’alliance de gauche articule autour de la « planification écologique » et d’un « grand plan » pour le fret. Enfin, de nombreux investissements sont prévus pour les quartiers prioritaires. 
 
Finalement, on s’écarte peu des spéculations formulées d’abord par la socialiste Valérie Rabault, qui estimait le coût du programme du NFP à 106 milliards, puis celle de Jean-Luc Mélenchon qui avançait un coût du programme à 200 milliards d’euros. Éric Coquerel a d’ailleurs rappelé que « 150 milliards d’ici à la fin 2026, c’est à dire pour les trois prochaines années, ce n’est pas très éloigné de l’estimation de 200 milliards sur cinq ans donnée par Jean-Luc Mélenchon », avant d’ajouter que « ces dépenses seront à chaque fois couvertes par des recettes ».

Le 1er tour des élections législatives se déroulera le 30 juin avant un second tour le 7 juillet. Pour le moment, plus d'un million de procurations pour cette échéance éléctorale ont été enregistrées, c'est déjà plus qu'en 2022.