Yonne : des dégâts dans les vignes de Chablis à cause du gel

7 avril 2021 à 10h34 par Etienne Escuer

VIBRATION
Frédéric Guégen a installé des bougies dans ses vignes pour les protéger du gel.
Crédit : Domaine Guegen

Depuis deux nuits, les vignes du Chablisien, dans l'Yonne, sont frappées par un épisode de gel.

Après les chaleurs estivales de fin mars, le froid s’est installé en ce début avril. En Bourgogne, les températures sont même négatives la nuit, jusqu’à -5°C par endroit, avec parfois de la neige, au grand dam des viticulteurs. Depuis deux nuits, ils sont donc à pied d’œuvre pour protéger leurs parcelles du gel, notamment du côté de l’appellation Chablis. Bougies allumées au milieu des vignes, vignes arrosées pour créer une pellicule de glace protectrice, chacun tente de faire au mieux pour sauver les bourgeons naissants.

Des dégâts considérables

Au domaine Gueguen, à Préhy, dans l’Yonne, les dégâts sont considérables. « On a eu du -4°C, -4,5°C, mais c’est descendu jusqu’à -6°C ou -7°C chez certains de mes collègues », confie le viticulteur Frédéric Gueguen. « Hier, je me disais que les dégâts étaient de l’ordre de 30% à 40%, mais ils sont finalement beaucoup plus importants aujourd’hui, on est presque à 100% de dégâts. »

 

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Frédéric Gueguen n’a pu protéger qu’un seul hectare sur les 26 de son domaine, avec des bougies. « Une nuit de bougies, ça me coûte 3 500 euros par hectare », explique-t-il. La récolte du viticulteur de Préhy est donc quasi-réduite à néant. Il garde un mince espoir, tout de même, avec les contre-bourgeons qui sortiront dans les prochaines semaines. « Cette deuxième génération de bourgeons est moins fructifère, mais l’est quand même, donc on peut espérer dans le meilleur des cas une demi-récolte si tout se passe bien », confie Frédéric Gueguen.

 

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Un phénomène de plus en plus récurrent

A quoi est dû cet épisode de gel, inhabituel un mois d’avril ? Pour Frédéric Gueguen, le dérèglement climatique est en cause. « On n’a plus d’hiver, et des printemps assez chaotiques, avec parfois des températures estivales comme la semaine dernière », explique le viticulteur. La végétation s’est donc éveillée, bien plus qu’elle n’aurait dû l’être, avant d’être stoppée net par le gel cette semaine. Des phénomènes similaires ont déjà eu lieu en 1991 et 2003, mais le dernier datait seulement de 2016 et la récurrence inquiète fortement les vignerons.

 

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En attendant de trouver des solutions pérennes pour faire face à ce phénomène, les viticulteurs de Chablis et ses environs, comme Frédéric Gueguen, s’apprêtent à vivre une troisième nuit blanche consécutive, pour veiller sur les vignes et sauver ce qui peut l’être encore.