Nos enfants passent-t-ils trop de temps devant un écran ?

3 mars 2023 à 6h00 par Hugo Harnois

Un enfant regardant un écran
Un enfant regardant un écran
Crédit : Pixabay

Une proposition de loi sur la surexposition des enfants aux écrans doit être débattue ce 6 mars à l’Assemblée nationale. L’occasion de parler de ce sujet avec l’initiatrice du projet : Caroline Janvier, députée Renaissance dans le Loiret.

Un tiers des enfants âgés de 0 à 3 ans regarderaient la télé en mangeant, d’après plusieurs études. Autres chiffres, selon Caroline Janvier, la députée Renaissance dans le Loiret : les enfants sont mis devant les écrans de plus en plus jeunes, dès tout bébé, et en moyenne, les petits de 0 à 2 ans passeraient jusqu’à trois heures par jour devant un écran, qu’ils s’agissent de télévision, de tablettes, d’ordinateurs ou encore de portables.

Suite à ce constat qu’on peut – comme de nombreux médecins – qualifier d’alarmant, Caroline Janvier a lancé une proposition de loi visant à sensibiliser les parents et les professionnels de la petite enfance à ce sujet. Une proposition débattue à l’Assemblée nationale le 6 mars. Pour l’intéressée, le phénomène s’explique par plusieurs raisons : « il y a aujourd’hui une tolérance beaucoup plus faible des pleurs, des cris et des caprices des enfants. Beaucoup de parents me disent qu’ils n’ont pas envie que leurs enfants fassent du bruit quand ils sont dans des transports en commun ou dans des salles d’attente, et gênent les autres. » Dans ce genre de cas, ils préfèrent alors leur donner leur portable pour être tranquilles.

 

Obésité, manque de sommeil et troubles du langage

On l’évoquait plus haut, la très grande majorité des médecins sont d’accord pour dire qu’il existe bel et bien un lien entre les difficultés de développement chez les jeunes et leur surexposition aux écrans. Caroline Janvier va même plus loin : « lors d’une étude réalisée en 2021, on a constaté un certain nombre de risques, d’abord sur le développement cognitif et en particulier la multiplication par six de troubles primaires du langage. Le deuxième et troisième grands risques que l’on connait bien, c’est que ça multiplie les risques d’obésité, et diminue la qualité ainsi que la quantité de sommeil. »

L’idée de la proposition de loi de la députée du Loiret n’est pas, selon elle, de faire la leçon aux parents ou de les espionner pour voir s’ils éduquent leurs enfants correctement, mais plutôt de les avertir sur les risques liés à certaines de leurs pratiques : « c’est la responsabilité du gouvernement que de s’assurer que tout le monde ait la même connaissance de ces risques. Chaque parent éduque son enfant comme il l’entend, mais il faut que chacun ait le même niveau d’informations. Certaines familles sont beaucoup plus exposées à ces risques-là. »

 

Tous concernés

Au-delà des parents, les professionnels de la petite enfance sont également concernés par cette proposition de loi. « S’il n’y a pas de règles, ni de formations, rien ne nous garantit qu’une assistante maternelle ne va pas mettre un nourrisson devant un écran toute la journée. Il faut toucher l’ensemble des professionnels. En plus, ce sont de très bons vecteurs de recommandations de bonnes pratiques », assure Caroline Janvier. La députée prend l’exemple de l’enseignant, « qui peut renseigner les parents sur l’attitude de leurs enfants. De la même façon qu’une puéricultrice ou une sage-femme à la maternité, ils informent les parents sur le risque du bébé secoué, la façon doit on doit faire dormir l’enfant, etc. Il faut maintenant qu’ils informent sur le risque d’une surexposition aux écrans. »

Pour en revenir à cette proposition de loi, cinq articles la composent, dont un volet à destination du grand public, contenant tous les outils classiques et bien connus des politiques de prévention. En effet, la Loirétaine souhaite apposer des messages d’information et de sensibilisation sur tous les emballages des ordinateurs, smartphones et autres tablettes.  Des campagnes d’informations sont aussi prévues. La députée revient sur l’autre volet de sa proposition de loi : « tous les acteurs concernés – l’Éducation nationale, les élus locaux, départementaux mais aussi les communes – doivent travailler ensemble sur ce sujet et intégrer ça dans leur stratégie, leur plan et schéma d’organisation. » Les haltes-garderies, les écoles, les crèches ne sont, en effet, pas gérées par les mêmes professionnels.

Sensibiliser le grand public et mettre en lien tous les acteurs locaux font donc partie des solutions proposées par Caroline Janvier. Pour éviter que notre enfant ne passe trop de temps sur un écran, on peut enfin évoquer des conseils très concrets à appliquer : « on peut s’intéresser à tout ce qui existe comme autres jeux, on a un peu oublié les jeux de société, les jeux de construction, alors qu’un enfant peut passer des heures à jouer avec ce type de jeux-là. Il peut aussi dessiner, apprendre à faire de la musique assez sommaire. »