Angers : la startup Néolithe ne finit plus de monter !
3 mai 2023 à 6h00 par Hugo Harnois
Basée à Chalonnes-sur-Loire, près d’Angers, la startup industrielle Néolithe est spécialisée dans le traitement des déchets, avec une technique bien particulière.
C’est une entreprise qui n’en finit plus de monter en Anjou. Figurant dans le classement 2023 du magazine Forbes consacré aux meilleurs dirigeants de l’industrie manufacturière, Néolithe n’a été créée qu’en 2019 et est déjà composée d’environ 180 salariés.
Un projet inédit
Basée à Chalonnes-sur-Loire, près d’Angers, dans des locaux de près de 5000 mètres carrés, la startup industrielle est spécialisée dans le traitement des déchets, avec une mission pour le moins originale puisque les Angevins sont les seuls à faire cela en France. Grâce à un processus de fossilisation accélérée, il s’agit de transformer des déchets non-recyclables en cailloux, réutilisables pour la construction et pour faire du béton, par exemple.
Président de Néolithe, Nicolas Cruaud remonte à l’origine du projet : « c’est l’idée de mon père, William, qui a été maçon-tailleur de pierre pendant 40 ans. Il dit qu’en Anjou, le calcaire qu’il taille sur les châteaux de la Loire est un calcaire blanc issu de la fossilisation des poissons et des déchets des dinosaures. Quand un poisson du crétacé meurt, il se fossilise et se sédimente progressivement pour devenir le calcaire qu’on retrouve partout en Anjou. Et il s‘est demandé si ce procédé de fossilisation naturelle, on ne pouvait pas l’accélérer pour le faire sur nos déchets. » Le père de l’actuel président de l’entreprise devient alors son associé, et tout deux parviennent à trouver des ingénieurs et des chimistes afin de les aider à déployer cette technologie. Cette dernière permet d’offrir une alternative à l’enfouissement ou l’incinération des déchets. À noter que l’entreprise angevine se concentre sur les déchets industriels : bois, papier, carton, plastique, représentant la moitié des déchets en France.
"On pourrait réduire de 7% l’empreinte carbone de la France"
Aujourd’hui, la technique est quasiment au point, à 80, 90%, assure Nicolas Cruaud, avec une ambition forcément écologique : « cette fossilisation rentre dans la famille de procédé qu’on appelle la séquestration de carbone. C’est-à-dire que l’on absorbe plus de carbone venant de l’atmosphère que ce que l’on émet par notre procédé. Un peu comme les arbres, cela vient capter du carbone et contribuer à réduire l’impact climatique. » Le président poursuit sa réflexion en donnant un ordre de grandeur : « si demain on traitait tous les déchets français, qu’ils soient ménagers ou industriels, par la fossilisation, on pourrait réduire de 7% l’empreinte carbone de la France, soit deux à trois fois l’empreinte carbone de tout le transport aérien du pays. »
Au-delà des aspects économiques et écologiques forcément intéressants pour les futurs clients de Néolithe, le caractère politique du projet est aussi à prendre en compte. « On a pas mal de soutiens politiques, parce que la ‘politique déchet’ est d’abord une politique publique. Il faut donc un cadre politique qui permet de favoriser notre technologie », explique Nicolas Cruaud.
Son président et ses deux associés jouent un peu contre la montre puisque s’ils sont pour le moment les seuls à favoriser cette technique de fossilisation, « cela ne va pas durer », redoute Nicolas Cruaud : « même à l’international, on n’a vu personne qui planchait sur la même technologie. On a un premier coup d’avance qu’il faut pouvoir exploiter, et notre principale protection, c’est d’aller très vite. »