Bientôt un congé menstruel en France ?

26 avril 2023 à 6h00 par Guillaume Pivert

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Crédit : CC0 - Image d'illustration

Permettre aux femmes de s'absenter du travail en cas de règles douloureuses, sans perte de salaire. Des députés vont présenter le mois prochain une proposition de loi instituant un congé menstruel.

Longtemps ignoré, le congé menstruel se fait peu à peu une place dans les médias et les débats politiques. La mesure a été adoptée il y a quelques mois en Espagne et le 26 mai, une proposition de loi écologiste sera examinée à l’Assemblée.

 Car pour l’instant, ce sont les entreprises qui décident d’accorder un congé menstruel, pas la loi. Ainsi, le 18 avril, le groupe Carrefour annonçait accorder un jour d’absence par mois aux femmes souffrant d’endométriose. Les collectivités s’y mettent aussi. C’est le cas de la mairie de Saint-Ouen en région parisienne qui lance une expérimentation.

« Une bonne chose »

« Ça reste une bonne chose que le sujet soit mis en avant », affirme Sarah, membre du Collectif féministe Nous Toutes dans la Nièvre. Toutefois, elle dit espérer que le projet ne sera pas limité aux femmes souffrant de règles douloureuses. « Les problématiques sont différentes en fonction du milieu professionnel, même en cas de règles non douloureuses, on peut ne pas se sentir à l’aise pour travailler », ajoute-t-elle, citant les professions en blouse. « La peur de se t^cher c’est une peur viscérale pour les femmes », développe Sarah.

Un congé supplémentaire pour certaines pourrait entraîner une désorganisation au sein des petites entreprises, s'inquiète toutefois la Confédération des PME (CPME). Les associations féministes comme Nous Toutes, craignent un retour de bâton. Créer un congé menstruel « pourrait être un levier de discrimination supplémentaire contre les femmes », estime Sarah, citant un frein à l'embauche à l'encontre des femmes.

Surtout, elle se demande si cela sera bien vu d’annoncer prendre un congé menstruel à son entreprise. Pis, « la salariée va-t-elle s’emparer de cette possibilité ? », s’interroge la Nivernaise. Elle confie souffrir d’endométriose et se rappelle que par le passé, « ça ne (lui) venait pas à l’idée de dire pourquoi je ne venais pas, et je me mettais en arrêt maladie et je perdais une journée de salaire ».

 

 

Avec AFP