Emmanuel Macron est-il obligé de nommer un Premier ministre de gauche ?
Publié : 10 juillet 2024 à 12h11 par Étienne Escuer
Alors que la gauche est arrivée en tête des législatives anticipées, Emmanuel Macron tarde à nommer un Premier ministre. Pourrait-il être extérieur à la gauche ?
Qui pour gouverner la France ? Le Nouveau Front Populaire ne s’est pas encore mis d’accord ce mercredi 10 juillet sur le nom d’un candidat pour le poste de Premier ministre. En parallèle, Édouard Philippe et Xavier Bertrand appellent de leur côté à une coalition entre le camp présidentiel et Les Républicains. Emmanuel Macron n’est en fait pas obligé de nommer un Premier ministre de gauche. L’article 8 de la Constitution précise seulement que le Président de la République nomme le Premier ministre. C’est surtout par tradition qu’un représentant du parti arrivé en tête aux législatives est choisi. Mais avant 2024, une majorité de gauche ou de droite se détachait toujours, la nomination d’un Premier ministre n’était donc pas aussi compliquée.
Un Premier ministre à la tête d'une coalition Ensemble-LR ?
D’ici la première séance à l’Assemblée nationale, le 18 juillet, où les groupes parlementaires devront être constitués, d’autres coalitions peuvent encore se former. Si le camp présidentiel et les LR s’allient, par exemple cela formerait une union de 230 députés environ, c’est-à-dire plus nombreuse que la gauche (182 députés). Emmanuel Macron pourrait alors légitiment expliquer que cette majorité est la plus forte, et appeler un Premier ministre issu de ses rangs. C’est sans doute pour cela – ajouté au fait que la gauche ne s’est pas encore mise d’accord sur un candidat – qu’il prend son temps. La Constitution n'impose d'ailleurs pas non plus de nommer un nouveau Premier ministre après une élection.
Le risque, c’est toutefois que les Français estiment qu’on leur a volé l’élection. D’autant plus que si le camp présidentiel a pu garder autant de députés, c’est parce que les électeurs de gauche ont massivement fait barrage au RN, l’inverse n’ayant pas été aussi réciproque. Une motion de censure pour renverser le gouvernement serait alors probablement déposée très rapidement par la gauche. Il faudrait qu’elle soit signée par au moins 289, c’est-à-dire avec le soutien du Rassemblement National.