Inflation : bientôt la fin des "super-promos" sur les produits d’hygiène ou ménagers
16 novembre 2023 à 6h00 par Alicia Méchin
Un acheté, un offert, -40 ou -70%... Ce type de promotions sur les produits d’hygiène et d’entretien, c’est bientôt fini. À compter du mois de mars, la loi Descrozailles entre en vigueur, et prévoit de plafonner à 34% les promotions sur ces produits non alimentaires.
Habituellement, lorsqu’un supermarché propose des promotions, il les impose aux industriels, et surtout il impose à l’industriel de financer ces promotions. Par exemple, pour deux paquets achetés, un offert, le fabricant devra rembourser au supermarché tous les paquets gratuits.
Alors certes, les promotions permettent aux marques d’être mises en avant, d’avoir de la visibilité, ou de vendre en plus gros volume. Mais pas de maitriser le prix de vente de leurs produits. C’est pour cela que les industriels ont réclamé une loi encadrant la pratique, comme nous l’explique Olivier Dauvers, journaliste spécialisé dans la grande distribution :
Cette loi ne va pas réellement permettre aux grandes marques de gagner plus d’argent, parce qu’en réalité elles vont devoir reconstruire leurs tarifs en intégrant que demain, il n’y aura plus ces méga-remises. Par contre, elles vont désormais mieux maitriser leurs prix de vente aux consommateurs. Et c’est ça qui les anime. Parce que le risque quand même, c’est que les ventes baissent. Et si les ventes baissent, ils ne gagneront pas plus d’argent.
Cette loi est aussi plutôt bien accueillie par les plus petites entreprises, les PME, qui pourront désormais, pour certaines, financer ces promos et donc profiter, elles aussi, d’une visibilité en magasin.
Le consommateur pénalisé
Et dans tout ça, finalement, c’est le consommateur qui trinque ! Et on s’en passerait bien en période d’inflation. Les professionnels de la grande distribution s’attendent donc à des répercussions dans les prochains mois. Quand on sait que les ventes sur les produits d’hygiène ont baissé de 7% en 2 ans, ce n’est pas près de s’arranger.
« C’est un pari qu’on pris les marques, précise Olivier Dauvers. Elles savent ce qu’elles vont gagner, la maitrise du prix et le fait de ne plus voir leur image de marques dévoyées par des promos qui les rendent quasi-gratuites. Par contre, elles ne savent pas ce qu’elles vont perdre, avec possiblement une baisse de la consommation. Rendez-vous l’année prochaine. Est-ce que les consommateurs vont acheter moins de couches culottes ? moins de produits de beauté ? Moi, je le prédis ».
Le hard discount privilégié
Déjà bien différentes d’avant l’inflation, les habitudes d’achat des consommateurs devraient poursuivre leur mutation. Avec un ticket gagnant pour les marques de distributeurs et les enseignes de hard discount, comme le souligne Marie-Claude Fourrier, de l’association de consommateurs CLCV Touraine : « Beaucoup de consommateurs maintenant vont vers les marques de distributeur, beaucoup plus qu’avant. Et je pense que de plus en plus les consommateurs vont acheter lors de promotion, sans nul doute, mais vont aussi aller vers davantage les magasins discounts ou des magasins avec des produits déclassés ; et c’est tout à fait normal ».
Stockomani, Action ou encore Zeeman… difficile de concurrencer ces enseignes de hard discount qui pourront toujours proposer des prix très bas, grâce à leur mode de fonctionnement. Comme elles proposent peu de références dans leurs magasins, elles négocient sur des très gros volumes, et peuvent donc négocier des meilleurs tarifs avec les industriels. Selon une enquête du cabinet NielsenIQ, aujourd'hui, plus de 74% des Français sont passés au moins une fois dans l’année dans un magasin discount, contre 69% il y a 5 ans.
Un conseil donc peut-être, d’ici le mois de mars, faire la chasse aux grosses promotions… et faire du stock.