Pollution numérique : comment lutter contre ?

9 février 2023 à 6h00 par Hugo Harnois

Un smartphone
Un smartphone
Crédit : Pixabay

La pollution n’est pas seulement liée à la voiture ou aux centrales nucléaires, elle peut aussi être engendrée par tout ce qui touche à l’informatique. Dans ce cas précis, on appelle cela la pollution numérique.

Émissions de gaz à effet de serre, pollution de l’air, des sols et des eaux. Les conséquences liées à la pollution numérique sont nombreuses. Ce phénomène est presque invisible en France, car il n’a quasiment pas lieu dans notre pays.

 

Les causes...

Afin de bien comprendre cette forme spécifique de pollution, le responsable de l’engagement citoyen à Greenpeace, Alexis Chailloux revient sur l’une des origines de la pollution numérique : « elle est liée en particulier à l’extraction des minerais qui vont permettre de fabriquer des matériaux, qui vont permettre à leur tour de fabriquer des équipements informatiques. Dans un smartphone par exemple, on va avoir 80 à 85% de métaux ferreux non ferreux, précieux, ou d’autres substances comme du cobalt, du magnésium, du carbone ou du lithium. Ces différents minerais ou métaux, il faut les extraire aux quatre coins de la planète dans des conditions pas toujours excellentes, et c’est un euphémisme. » Un procédé qui a un impact très négatif sur les écosystèmes en Chine ou au Congo par exemple.

Pour aller plus loin, Alexis Chailloux évoque une sorte d’effet ambivalent liée à cette pollution numérique : « on transfère plus de données, les appareils sont plus efficaces et puissants, avec le même volume d’énergie. Mais comme il y a beaucoup plus d’appareils et de données qui circulent, la pollution globale augmente, c’est ce qu’on appelle l’effet rebond. » 

Exemple typique de ce fameux effet rebond : le déploiement de la 5G. « Les personnes qui défendent la 5G, et elles ont raison, disent que celle-ci permet de transférer plus de données, avec moins d’énergie. Mais la conséquence, c’est qu’on va avoir des applications qui vont demander encore plus de données. On va peut-être renouveler ces appareils, choisir un smartphone qui prend la 5G, un assistant vocal à la maison, un réfrigérateur connecté, autant d’objets dont on se passait plutôt bien jusqu’ici », regrette le responsable de l’engagement citoyen à Greenpeace.

Le Haut Conseil pour le Climat estime que si on déployait la 5G entièrement en France, cela engendrerait une augmentation de l’empreinte carbone du secteur numérique de 18 à 45%.

 

... et les solutions

Pour résumer, la partie la plus importante de la pollution numérique a lieu au moment de la fabrication du matériel informatique, et non quand on l’utilise. Regarder des vidéos sur Tik Tok, Instagram ou Facebook, des films en Haute Définition sur Netflix, ou encore écouter de la musique sur Deezer ou Spotify participent aussi à la pollution numérique. Même si cela a un impact moins important.

Mais il y a des solutions pour ne pas avoir un trop gros impact écologique sur la planète, d’après le Alexis Chailloux : « le plus facile, c’est de ne rien faire. Blague à part, il ne faut pas acheter trop souvent des appareils informatiques neufs. Il y a d’autres options, comme de garder l’appareil actuel, le réparer, ou choisir du reconditionné. Si on n’a pas le choix, il faut prendre des modèles qui sont facilement réparables, c’est bon pour le porte-monnaie car ça veut dire que vous allez acheter un modèle qui va durer plus longtemps ».

Autre solution : l’indice de réparabilité pour les tablettes, ordinateurs et autres smartphones, qui permet de favoriser les appareils avec une note élevée. Cela garantira d’avoir des pièces détachées pour pouvoir les réparer en cas de panne.

Enfin, on dit parfois que supprimer ses mails peut aussi contribuer à limiter son impact écologique sur la planète, mais cela reste un geste assez cosmétique, selon Greenpeace. Si le sujet vous intéresse, essayez plutôt de vous rapprocher d’associations comme Halte à l’obsolescence programmée ou encore Zero Waste France.