Bac ou pas bac français... la question n’est pas tranchée.

19 mai 2020 à 7h10 par Iris Mazzacurati avec AFP

Dans la voie générale, 20% des élèves n'avaient pas étudié plus de 5 textes sur 15.

Crédit : Pixabay

Les épreuves du Bac et du brevet ont été remplacées par le contrôle continu, mais à six semaines de l'échéance, des centaines de milliers d'élèves de première ignorent toujours si leur oral de français sera maintenu.

Seront-ils les seuls à passer une épreuve du bac aux temps du coronavirus ? Le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer s'est donné jusqu'à fin mai pour trancher. Les oraux sont prévus à partir du 26 juin. 


"On parle beaucoup de jeunes du lycée qui décrochent un peu en ce moment, je veux envoyer des signaux de travail", a-t-il déclaré lundi dans les media. "Il est bon de préparer des textes ; on verra si c'est en contrôle continu ou terminal". 


Pour l'organisation lycéenne UNL, l'incertitude "inflige aux élèves de l'anxiété supplémentaire, car beaucoup ne voient plus le sens" de "la préparation d'une épreuve qui n'aura probablement pas lieu". 


Maintenir l'incertitude, "c'est un peu sadique sur les bords", estime une enseignante de français. "Les conditions de préparation sont vraiment inégalitaires, je suis inquiète pour les élèves", dit-elle, évoquant "un climat anxiogène pour accéder à la rencontre des textes". 


« De très grosses Lacunes »


Pour la question de grammaire, "les élèves ont de très grosses lacunes, ils ne l'avaient pas au programme en seconde", précise-t-elle.


Elle cite à la fois "des élèves très engagés qui sont très stressés" et "des élèves fragiles qui parient que le bac n'aura pas lieu et ont décroché". 


Pour étudier chez eux, "certains ont un smartphone dans une chambre avec trois frères et soeurs", tandis qu'une jeune fille, dont les parents ne sont pas disponibles, doit s'occuper des repas et de sa fratrie.  


Le ministère a allégé le nombre de textes à étudier. Mais dans la voie générale, 20% des élèves n'avaient pas étudié plus de 5 textes sur 15 et 50% pas plus de 10, selon un sondage effectué du 20 au 22 avril par la fédération des parents d'élèves Peep parmi ses adhérents.


Dans la voie technologique, 30% des élèves n'avaient pas étudié plus de 4 textes sur 12, 75% pas plus de 8.


Avant le confinement, les élèves "ont travaillé surtout pour l'écrit, la plupart n'ont pas fait d'oral blanc", pointe Viviane Youx, présidente de l'Association française pour l'enseignement du français (Afef), à l'origine avec le collectif Lettres Vives d'une pétition pour l'annulation de l'oral, qui a réuni plus de 77.000 signatures. "On nous fait croire que parce qu'on aura fait des fiches sur quinze textes, on aura appris quelque chose sur la littérature. C'est aberrant".


De leur côté, les syndicats d'enseignants réclament aussi l'annulation.