Nicolas Sarkozy : pourquoi les personnalités politiques publient-elles autant de livres ?

Publié : 9h27 par Alicia Méchin

Crédit image: Ed Fayard

Le nouveau livre de Nicolas Sarkozy, intitulé « Journal d’un prisonnier », arrive en librairie ce mercredi.

L’ouvrage, rédigé durant les 20 jours d’incarcération de l’ancien président à la prison de la Santé, a été édité en un temps record pour pouvoir paraître avant les fêtes. Une sortie stratégique, et surtout un exemple supplémentaire d’un phénomène bien connu : les personnalités politiques publient énormément. Mais pourquoi cette production continue de livres, souvent courts, parfois confidentiels, et presque toujours très médiatisés ?

« Pourquoi les personnalités politiques écrivent toujours des livres ?" 

La réponse se cache moins dans le message politique que dans le fonctionnement même de l’édition française. D’abord, il faut comprendre qu’un livre politique reste rentable, même s’il se vend peu. Cela peut sembler paradoxal dans un marché du livre en tension, mais c’est pourtant une réalité économique.

 

D’un point de vue financier, la production de ce type d’ouvrages coûte très peu aux éditeurs. Les personnalités politiques, surtout celles qui ne sont plus au premier plan, ne négocient pas toujours de gros contrats, et les avances proposées par les maisons d’édition restent généralement modestes. Quant à l’impression, elle est peu coûteuse : ces livres sont souvent courts, imprimés en petites séries, et ne nécessitent pas de tirages ambitieux.

Là où les choses deviennent particulièrement intéressantes, c’est lorsque l’on observe la manière dont l’investissement est récupéré. Dans la plupart des cas, la rentabilité est quasi garantie. Les achats institutionnels (bibliothèques, collectivités territoriales, associations, fondations, ou clubs politiques proches d’un parti) assurent un socle de ventes stable. Même si le grand public ne se précipite pas en librairie, l’éditeur rentre dans ses frais.

À cela s’ajoute un autre atout majeur : la visibilité médiatique. Chaque sortie de livre d’une personnalité politique ouvre automatiquement les portes des plateaux télé, des interviews radio, des chroniques et des émissions de débat. En d’autres termes, un livre devient un prétexte idéal pour revenir sur le devant de la scène, défendre une vision, exister dans le débat public — le tout sans campagne de communication coûteuse.

Au final, un livre politique, c’est simple : petit investissement, grand rendement. Avec « Journal d’un prisonnier », Nicolas Sarkozy illustre une fois encore cette mécanique parfaitement huilée où l’édition rencontre la stratégie politique, et où chaque publication devient une opération à la fois économique, médiatique et symbolique.

 

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