Succès du manga : il « a pris une place vacante dans la culture française »

2 avril 2024 à 6h00 par Hugo Harnois

Le manga fait partie des achats privilégie avec le pass culture.
Le manga fait partie des achats privilégie avec le pass culture.
Crédit : Commons - Thesupermat / Image d'illustration.

40 millions, comme le nombre de mangas vendus l’an dernier en France. Même si – l’inflation étant passée par là – les chiffres sont moins impressionnants qu’il y a encore quelques années, le manga reste encore une grande référence dans l’Hexagone, qui reste le deuxième pays le plus consommateur de ce genre littéraire.

« Il y a une légère stagnation des ventes, mais on a atteint de tels sommets que le marché ne pouvait pas croître indéfiniment. » Le réalisateur de documentaires (Mangas Révolution) Dimitri Kourtchine réagit suite à la baisse des ventes de mangas de 18% entre janvier et mai 2023 en France. Mais pour lui, cela reste « un vrai phénomène, un engouement incroyable ».

 

"Il y a un public auquel on n’a jamais su s‘adresser : les adolescents"

Malgré ce ralentissement, encore en 2023, la France restait le deuxième pays le plus grand consommateur de mangas. Mais quand a vraiment commencé cette histoire d’amour avec les Français ? « Historiquement, le manga a pris une place vacante dans la culture française. Les Français ont toujours été très bons pour s’adresser à un très jeune public, mais aussi aux adultes. Cependant, il y a un public auquel on n’a jamais su s‘adresser, ce sont les adolescents. Les Japonais ont une grosse production à destination des adolescents. Ils parlent de leurs problématiques de façon assez frontale, et ils ont rencontré un vrai succès auprès du public français qui a pu voir des œuvres dans lesquelles on parlait d’amour, de violence, de guerre, et pas de manière trop édulcorée. » 

Autre facteur qui a pesé dans la balance : l’aspect sériel des mangas et la continuité scénaristique des épisodes. « On voit bien aujourd’hui le succès de Netflix et des autres plateformes. C’est quelque chose qui plait beaucoup, on a le temps de se plonger dans un personnage pour voir comment il grandit. Les œuvres françaises le faisaient rarement. Désormais, les auteurs français ont intégré les codes du manga, ils s’en sont inspirés », explique le documentariste.

 

Rapport inversé 

Si on regarde toujours dans le rétroviseur, on s’aperçoit que le rapport au manga est inversé entre les Japonais et les Français. En effet, au pays du Soleil levant, « les œuvres sont d’abord éditées en papier et ont leur adaptation en animé si elles ont du succès. En France c’est l’inverse, on a connu d’abord la culture par le biais des animés à la télé avec Goldorak par exemple. C’était une vraie découverte, puis on s‘est aperçus que c’étaient des œuvres adaptées de mangas, et ensuite, on les a trouvées dans de petites librairies dans les années 90 ».

Vu le nombre pléthorique de mangas disponibles, difficile de savoir par quoi commencer si l’on souhaite entrer dans l’univers. Dimitri Kourtchine vous conseille alors les « gros classiques » avec One Piece et Naruto, ou, pour un public plus adulte : One Punch Man, une œuvre « très satirique et second degré ».