Projet de SCOP pour Brandt : le détail qui complique le projet

Publié : 9h23 par Alicia Méchin

Crédit image: Pixabay

Placé en redressement judiciaire, un projet de SCOP est dans les tuyaux pour reprendre Brandt. Mais un détail pourrait compliquer le projet...

Placé en redressement judiciaire, le groupe Brandt – l’un des noms historiques de l’électroménager en France – cherche encore une voie pour assurer sa survie. Parmi les pistes envisagées, une idée revient avec insistance : la création d’une SCOP, une société coopérative détenue par les salariés. Un modèle déjà tentée par Duralex, et qui incarne une forme de résistance industrielle « à la française ».

 

Sur le papier, l’option séduit. Elle permettrait de préserver les emplois, de maintenir le savoir-faire et de redonner du pouvoir aux salariés, qui deviendraient collectivement les actionnaires majoritaires de leur propre entreprise. L’État, conscient de l’importance industrielle de Brandt, s’est d’ailleurs dit prêt à soutenir ce scénario à hauteur de 5 millions d’euros. Une aide significative… mais très loin du total nécessaire pour relancer pleinement la production : il faudrait, selon plusieurs estimations, entre 20 et 25 millions d’euros pour repartir sur des bases solides.

Et c’est précisément là que se cache un élément méconnu, presque jamais évoqué publiquement, mais absolument déterminant : dans une SCOP, la rémunération du capital est strictement plafonnée par la loi. Cela fait partie de l’ADN de ce modèle : la majorité des bénéfices doit aller aux salariés (via la participation), et non aux investisseurs. Résultat : même si l’entreprise retrouve la croissance, même si elle redevient rentable, ceux qui auront mis de l’argent – qu’ils soient salariés, banques ou même l’État – ne pourront jamais toucher un rendement élevé.

Autrement dit : socialement vertueuse, la SCOP est financièrement peu séduisante pour ceux qui doivent la financer. Et c’est un problème majeur lorsqu’il s’agit d’aller collecter plusieurs dizaines de millions d’euros pour sauver une entreprise industrielle lourdement endettée et qui a besoin d’investissements immédiats.

Brandt pourrait donc se retrouver face à un paradoxe : le modèle coopératif est peut-être le plus protecteur pour les salariés, le plus résilient sur le long terme… mais aussi le plus difficile à financer dans l’urgence. Le succès ou l’échec de ce projet repose peut-être sur cette ligne discrète du Code du commerce, ce plafond invisible qui fait des SCOP des entreprises exemplaires, mais parfois très compliquées à sauver.

Réécoutez la chronique